Le Jour de Silence (Nyepi)
Imaginez !
Vous vous réveillez un matin. Pas une mobylette, pas une voiture, pas de taxis ni de bus dans les rues. Pas un mot plus haut que l’autre. Le silence complet. Les restaurants, commerces ports sont fermé. Même l’aéroport international est clos!
Impossible direz-vous ?
Mais à Bali, ce n’est pas impossible. Vous les vivrez pendant la nouvelle année balinaise : « Nyepi » ou le jour de silence.

Pour les Balinais Hindouistes, le passage à une nouvelle étape de la vie est un moment important et spirituel. La naissance, les trois mois, l’adolescence, le mariage, et la mort sont des moments importants célébrés et marqués par une cérémonie religieuse
Un autre exemple de célébration, dans les rizières, lors de la maturité laiteuse de riz lorsque le grain contient encore 50% d’humidité, c'est le moment où la nature rend les grains de riz “féconds” selon le terme Balinais, les agriculteur font une cérémonie par laquelle ils remercient la déesse de riz, et lui demandent sa bénédiction.
Parmi les très nombreuses cérémonies Balinaise, Nyepi est considéré comme la fête la plus importante et sacrée de l’année. Elle glorifie le passage au nouvel an de Saka. Par exemple, le 5 Mars 2011, jour de Nyepi, les Balinais sont à la veille du premier jour de l’année 1933. En fait Nyepi est aussi la célébration du passage de l’animisme à l’Hindouisme.

Nyepi signifie le silence mais nous pouvons commencer à détecter son approche, même un mois avant le jour-j, grâce à la fabrication des ogoh-ogoh, les grandes statues des papiers, fabriqué par les jeunes, aux bords des routes dans les quartiers Balinais pour la fête bruyante à la veille de Nyepi. Ce jour s’ appelle Pengrupukan.
Lors de la nuit de Pengrupukan, les jeunes Balinais transportent les ogoh-ogoh fixés sur une plateforme de bambous sur leurs épaules le long des routes rustiques ou certaines routes principales de la ville. Des musiciens qui jouent de la fanfare traditionnelle ou des percussions de bambous les suivent. Les statues représentent les Bhuta Kalas, des démons qui, selon l’Hindouisme Balinais, demeurent dans notre cœur. Ils sont présentés comme des géants monstreux avec des grands yeux ouverts, de grandes canines et de grands ventres. Les grands yeux symbolisent les êtres humains qui adorent trop voir la beauté sensuelle, les canines signifient la violence, et les grands ventres veulent dire notre gourmandise et rapacité.
Pendant le Pengrupukan beaucoup de jeunes et des enfants allument les pétards. À la fin de procession, les statues sont brulées car la sagesse l’emporte sur la passion. C’est le point culminant de l’animation Balinaise.
La procession d’Ogoh-Ogoh est en fait, une nouvelle création Balinaise qui devint populaire depuis les années 80. Si avant cette date, il y avait eu des Ogoh-Ogoh, ils étaient beaucoup plus simples, petits, et se faisaient promener sans beaucoup d’animations. La veille de Nyepi, afin de calmer les esprits mauvais des sacrifices d'animaux ont lieu dans chaque temples, villages, carrefour et jusque dans les maisons.

Une cérémonie plus originale et plus spirituelle qui précède Nyepi est celle de Melasti, qui se fait 3 ou 4 jours avant Nyepi. Pendant ce jour-là, les pèlerins transportent leur reliques des temples du village à la mer, au lac, ou aux sources d’eau selon la distance pour être purifies. Le pèlerinage à pied sert à maintenir la paix et la prospérité du village.
Un jour après l’animation de Pengrupukan, les Hindouistes font le Nyepi ou le silence total. C’est "Catur Berata Penyepian "ou 4 choses sont interdites:
Amati Geni : ne pas alumer de feu ou de lumieres
Amati Karya: ne pas travailler
Amati legungaan: ne pas sortir ou voyager, il faut rester à la maison
Amati leganguan: ne pas manger
Il est conseillé de jeuner pendant 24 heures. Sur la route, il n’y a ni voiture ni mobylette. Même les ports et l’aéroport international de Denpasar sont fermés. La nuit, il n’y a pas de lumière artificielle. Il est demandé aux touristes étrangers de ne pas sortir de leurs hôtels.
Seulement quelques Pecalangs, les policiers traditionnels du village, se promènent parfois sur la route pour assurer la sécurité du village et inspecter le Nyepi, Ils se forcent à ne pas faire du bruit. Les ambulances peuvent rouler sur la route mais sans sirène même dans les cas urgents.
Les Balinais ne sont pas intégriste, et bien sûr, il y en a qui trichent. J’en connais même qui contactent doucement leurs copains sur le portable, qui allument de petites bougies ! Mais en général toutes les règles sont bien respectées. Sauf le jeûne. Il y en a pas beaucoup qui jeûnent vraiment, beaucoup de familles gardent quelques bonnes nourritures de la veille.
Nyepi nous fait réfléchir. C’est un moment d’ascétisme où nous remarquons qu’il est très difficile de se taire. C’est un moment difficile, mais il nous est indispensable. Le lendemain de Nyepi, si nous nous réveillons un peu tôt, on sent bien que quelque chose à changer, l'air bien sûr.
Un jour sans la pollution fossile rend l’air pur. Mais nous aussi ressentons cette pureté à l'intérieur de nous-même ! Nyepi est un vrai jour écologique!
Guntur Suyasa
Bali Rustique